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CRISE ACTE 2
29/11/2008 11:51
La crise : acte II ?
L’économie mondiale a entamé 2008 dans la tourmente financière. La crise des subprimes, conséquence de l’explosion de la bulle immobilière aux Etats-Unis et des mécanismes de la titrisation, s’est propagée au coeur des marchés financiers. Au fur et à mesure des annonces de dépréciation d’actifs bancaires de plusieurs centaines de milliards de dollars, pertes créant potentiellement un risque systémique, la tension sur les marchés financiers n’a cessé de croître : les replis boursiers et l’accroissement des volatilités ne sont que le “négatif” du manque brutal de liquidité. La volatilité a atteint un sommet autour de la mi-mars, ce qui amène à penser que le plus gros de la crise strictement financière pourrait être passé ; en tout cas son acte I. Dans ce contexte, les résultats des économies réelles au 1er trimestre ont pu surprendre : avec 0,2% de croissance de l’activité aux Etats-Unis, 0,6% en France et surtout 1,5% en Allemagne, tous les pays ont enregistré des évolutions plus fortes que prévues... et l’activité des pays de l’OCDE a, contre toute attente, accéléré au tournant de l’hiver. Mais dans le même temps, les anticipations de ceux qui font
l’économie, producteurs et consommateurs, se sont repliées de part et d’autre de l’Atlantique : les entreprises savent qu’elles sont sur le point d’entrer dans des phases conjoncturelles nettement plus difficiles, confrontées à la fois à des conditions de financement de plus en plus dures et à un ralentissement de leur demande. Car ce sont désormais des contre chocs sur l’ensemble des marchés de crédit aux entreprises et aux ménages qui sont anticipés: la diffusion de la crise à l’économie réelle via la restriction des mécanismes de crédits ne fait que s’amorcer au printemps 2008. Pourquoi ? Parce que pour compenser leurs coûts de refinancement, les banques pourraient soit augmenter le taux appliqué aux corporate, soit diminuer les montants prêtés… soit les deux. Quand un "crédit crunch" démarre sur un marché particulier – en l’occurrence la construction – l’histoire économique nous apprend qu’il frappe de manière souvent aveugle les autres marchés. Logiquement, du fait des surévaluations passées, les secteurs de la construction aux Etats-Unis, en Espagne, dans une moindre mesure au Royaume-Uni, ont été les premiers emportés. Ce qui est moins logique, c’est que les conditions de crédit aux autres secteurs productifs se sont également un peu durcies au cours du 1er trimestre : l’enquête d’avril sur la distribution de crédit de la Banque de France relève que les banques prévoient à la fois de poursuivre le relèvement de leur marge, mais également de réduire les montants et les durées, que ce soit à l’égard des grandes entreprises ou à l’égard des petites entreprises. Quant aux restrictions de crédits pour la consommation, si elles sont particulièrement sensibles aux Etats-Unis, l’Europe semble encore peu touchée ; pour autant les ménages anticipent : la consommation a – elle – ralenti au 1er trimestre dans la zone euro. Tout est en place pour le deuxième acte de la crise financière de 2008.
Karine Berger
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