Commentaire de lefeuvr3 (15/12/2008 22:52) :
Les emprunts d'Etat pourraient ne plus faire recette
LE MONDE | 13.12.08 | 13h08 • Mis à jour le 13.12.08 | 13h08 Réagissez
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Depuis plusieurs mois, les économistes se demandent si les milliers de
milliards que les Etats comptent emprunter sur les marchés pour sauver
leurs pays de la débâcle, aider leurs banques, leur industrie automobile,
leurs consommateurs, vont trouver preneurs. Si les Etats parviendront à se
refinancer correctement. Si le marché ne va pas être saturé par cet afflux
de dettes américaines, britanniques, françaises ou italiennes.
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Cette semaine, les inquiétudes sont montées d'un cran. Depuis mercredi
10 décembre, quand l'Etat allemand a emprunté 7 milliards d'euros
à échéance deux ans. Et que ces 7 milliards n'ont pas trouvé assez
d'acheteurs. A tel point que la Bundesbank, la banque centrale
allemande, a dû en souscrire pour 1,3 milliard.
Pis, une autre alerte a eu lieu le même jour aux Etats-Unis. L'Etat a
émis 28 milliards de dollars (21 milliards d'euros) de dette
d'échéance trois ans. Cette fois, les acheteurs étaient là, mais
beaucoup, beaucoup moins nombreux que de coutume. "L'opération a été
médiocre", relate l'agence Reuters.
Pour le moment, rien de grave, l'Allemagne et les Etats-Unis ont pu se
financer. Mais ces turbulences ne sont pas anecdotiques. Tout cela "est un
peu inquiétant", signale Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis.
De fait, jusqu'ici les investisseurs s'arrachaient les dettes
souveraines, les rares, et peut-être les seuls produits financiers, jugés
sans risque en cette période de crise. Et dans la famille de ces valeurs
refuges, les emprunts émis par l'Allemagne et les Etats-Unis ont
toujours été les plus réclamés, considérés comme les titres les plus
solides et les plus liquides.
Depuis quelques semaines, les investisseurs étaient même prêts à tout pour
détenir ces précieux "papiers" et mettre leur épargne à l'abri. Lundi,
ils ont ainsi accepté des rendements négatifs de - 0,01 % pour des titres
américains à trois mois. Du jamais vu depuis l'après-guerre. La
tendance est-elle en train de s'inverser ? Si les investisseurs
commencent à délaisser les titres allemands et américains,
qu'adviendra-t-il des dettes publiques moins prisées ?
"RENDEMENTS PAS SEXY"
Les experts essaient de ne pas s'affoler. Tous rappellent que les
émissions réalisées en décembre sont souvent délicates car les acheteurs,
des banques pour la plupart, bouclent leurs comptes et n'investissent
plus. En France, le Trésor n'émet d'ailleurs que très rarement de
la dette en fin d'année, de peur de faire un fiasco.
Il n'empêche. Pour les analystes, ces accidents de parcours sont sans
doute le signe que le marché commence à saturer. "Ce qui arrive est
préoccupant, mais pas très surprenant, estime Thierry Capelle, chez Nomura
à Londres. Il y a de la dette qui arrive de partout !"
Au fil des mois, les gouvernements égrènent en effet les annonces de plans
de relance de 200, 300, 700, voire 1 000 milliards d'euros ou de
dollars. Les modalités de financement sont encore très imprécises. Mais les
analystes savent que tout cela se traduira par des programmes colossaux
d'émission de dettes publiques en 2009.
En Europe, les experts de Natixis calculent ainsi que la dette souveraine à
émettre en 2009 en Europe avoisinera 830 milliards d'euros, contre 550
milliards un an plus tôt. Pour les Etats-Unis, le Financial Times avance le
chiffre de 2 000 milliards de dollars, soulignant "le grave danger"
d'engorgement du marché.
Les experts sont d'autant plus préoccupés que la récession attendue
risque d'être pire que prévu. Or, "1 point de croissance en moins fait
mécaniquement augmenter le déficit des Etats de 0,5 % du PIB", indique
Gilles Moëc, chez Bank of America. Autrement dit, les 3 000 milliards de
dollars évoqués ne seraient qu'une estimation basse.
Personne ne va, toutefois, jusqu'à redouter que les dettes allemandes,
américaines ou des autres Etats ne trouvent plus d'acheteurs. Mais le
prix que ces Etats vont devoir payer pour s'endetter. Vu
l'importance de l'offre, les investisseurs vont en effet être
plus exigeants. Et " les rendements actuels ne sont pas très sexy", indique
Jean-Louis Mourier, chez Aurel. A l'avenir, pour séduire les
investisseurs, les rendements offerts vont sans doute augmenter. Personne
ne sait de combien mais une chose est sûre. Les pays comme la Grèce ou
l'Italie, jugés plus à risque et qui s'endettent déjà
aujourd'hui à des taux de l'ordre de 4,5 %, contre 2,5 % en
Allemagne, seront parmi les plus pénalisés.
Claire Gatinois
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